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Déposé - Date et heure serveur - 09/04/2016 11:00
Seul Auteur - Oui
Categorie - Livre
Titre - Perles de Babel
Description de la création - Dans les années 2010, des jeunes enfants, adolescents d’une cité marseillaise des quartiers Nord vivent leur quotidien sous l’œil d’une éducatrice, Jess. Billal, Majide, Youssef…. sont nos compagnons de route durant cet essai, ils sont des enfants qui grandissent aussi dans la rue, avec la rue. Shaïnez est une enfant que le lecteur découvre peu à peu, maltraitée au domicile familial. En prise avec les émotions, j’ai essayé de dévoiler la parole de gamins que j’observe et que j’accompagne depuis bientôt 10 ans, une parole en manque d’espace de déploiement, un monde imaginaire insécurisé, prostré, trop souvent. Mandatée dans le cadre de la protection de l’enfance, c’est l’aspect le plus fondamental de ce livre. A quel moment un enfant est-il en danger ? Comment peut-on agir sur l’individu dans un tel contexte social ? Comment on accompagne ces mises en danger ? J’ai eu besoin de mettre sur papier un grand nombre d’histoires que j’ai vécu avec eux ou vu ou entendu et d’en inventer de nouvelles. Les histoires que j’ai choisi de raconter sont glauques. Il est question ici de perles en proie à l’errance, le mensonge, la manipulation, la mise en danger, les addictions, la perversion. Ce petit ouvrage est d’autant plus important pour moi qu’il met en écho mon vécu au travers une adolescente que je côtoie toujours, dont l’histoire m’a toujours renvoyé à la mienne quand bien même il y a de fortes différences. En cela, je ne focalise pas sur les jeunes de quartier mais je parle de la maltraitance des enfants en général. C’est une maltraitance sociétale, qui devient cruellement culturelle, c’est une maltraitance parentale parfois, trop souvent. Les conséquences peuvent être terribles et les troubles associés également. Si un enfant n’a ni arme, ni ressource extérieure, sans moyen d’expression (la base étant d’avoir les bons mots, de savoir ce qu’est une émotion, ce qu’on ressent, ce qui fait que chacun est unique), sans assise collective, on peut considérer qu’il encoure des dangers. L’écriture est pour moi un véritable exutoire. Cela fait 20 ans que j’écris. Je n’ai aucune formation et je n’ai pas voulu me documenter sur la façon dont il fallait écrire un livre. Je l’ai fait au feeling (il est certain que j’ai des conseils à recevoir), surtout portée par l’importance de témoigner de ce vécu personnel et professionnel, de porter un regard sur la maltraitance des enfants et de m’indigner de tout ce que la société crée autour de ces gosses de cités, qui sont politiquement et médiatiquement nourrit de ballons, de rap commercial, de jeux vidéo, de consommation et de shit…maintenant des armes…et ceux qui vont avec…les corps , les cadavres qu’on ne compte plus. Ces gosses qu’on ne veut pas éduquer correctement, un peuple peu éduqué est moins dangereux, un peuple à venir, ni frustré, ni en colère, on a passé un cap, aujourd’hui ces gosses-là sont conditionnés, leur capacité d’analyse est rarement sollicitée, leurs rêves sont marqués par les médias,…pourtant si on leur ouvre les portes de la parole, et c’est que tente de faire Jess le plus possible, si on veut bien lire entre les lignes, voir leur posture, ce que dit leur corps, si on veut bien questionner leur attitude, émettre des hypothèses avec eux au travers nos ressentis d’adultes, d’éducateurs, ils deviennent des perles dans cette Babel. Ils ont tellement de choses à dire, à exprimer, à ressentir. Les mots sont le moyen le plus efficace de prévention des violences. Etre entendu, se sentir écouté, sans être jugé est une posture éducative forte tant elle est profonde à assumer. La façon dont nous accomplissons chaque acte fait bouger le monde. Si nous perdons le sens du collectif, nous perdons une part de notre humanité. C’est un des enjeux éducatifs les plus essentiels. Par tous ses pores, l’acte éducatif est un acte politique. Permettre aux gens d’être écouté et entendu, les soutenir dans leur affirmation et leur accomplissement, relever leur nez de leur nombril, leur faire penser l’autre et le collectif, animer l’empathie et, toujours dans le respect de leur équilibre, les aider à sortir des enfermements sociaux, culturels et religieux, sans jamais penser à leur place, c’est le piège. C’est cela être un éducateur en prévention spécialisée. C’est plus qu’un métier, c’est une démarche, un mode de penser, une façon d’être en relation au monde et aux autres.
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