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Déposé - Date et heure serveur - 22/10/2015 03:13
Seul Auteur - Oui
Categorie - Roman
Titre - Kyu - La guerre des Eléments
Description de la création - « L'équilibre entre bien et mal, entre Eléments et Chaos, entre vie et vide, a été rompu. Il n'y a qu'un seul moyen de sauver les Hommes : l'élue doit libérer les Eléments. » L'Esprit. Prologue Il pleuvait. Les gouttes d'eau s'écrasaient avec force sur le sol détrempé. Elles explosaient en dizaines d'éclats translucides sur la roche puis se rassemblaient jusqu'à former de minces filets d'eau glissant dans l'obscurité. Un éclair zébra le ciel de velours noir, aussitôt suivi d'un grondement de tonnerre qui fit trembler la montagne grise toute entière. La foudre éclaira fugitivement la nuit, dévoilant les flancs de granit. Le piton rocheux touché par l'arc de feu s'écroula avec fracas, déboulant le long de la montagne. L'homme n'eut que le temps de faire un écart pour éviter l'avalanche de pierres. La roche termina sa course s'écrasant en contrebas. Le sorcier respira profondément, reprenant son souffle. Il passa une manche trempée sur ses yeux afin de décrocher la pluie de ses cils. Puis il reprit sa marche, évitant la boue qui recouvrait l'étroit sentier. Un éclair illumina de nouveau la nuit. *** Quinze années plus tôt Les Éléments sont contre nous ce soir ! Le fermier referma la porte d'entrée et sa femme vint l'aider à ôter ses bottes pleines de neige. Le garçon regarda par la fenêtre les flocons qui volaient en tous sens. Ne parle pas d'eux ainsi ! Ils pourraient t'entendre ! sermonna la fermière. Le père ricana. Dix printemps que je leur demande de sauver mes récoltes de la crue sans qu'ils m'écoutent alors pourquoi ils l'entendraient celle-là ? Et les enfants ? Tu as pensé aux enfants ? continua la femme. L'homme tourna son regard vers la cheminée. Sa petite fille jouait avec des chiffons sur le tapis, les nouant les uns aux autres, en pliant certains. Elle passait ses doigts menus à travers les trous déguisant l'espace d'un instant le bout de tissu en captivante marionnette. Son fils, plus grand, installé sur le banc de bois brut, fixait bras croisés le crépitement des flammes dans l'âtre. Leurs deux enfants étaient si différents et pourtant inséparables. L'été prochain la fillette rentrera chez les Natures, une classe de femmes qui vénère et prie les Éléments. Des illuminées selon le père mais ça lui permettra au moins d'avoir une éducation : apprendre à lire, à écrire et ça sans sortir le moindre sou. Le garçon, lui, était devenu l'an passé apprenti charpentier. Cela ne lui plaisait pas. Il préférait penser disait-il, réfléchir. Il avait longtemps supplié ses parents de l'amener à Orhia, cité des mages, mais les ressources financières étaient au plus bas dans la petite famille. Elles l'étaient depuis sept printemps maintenant. La mère ôta la seconde botte et le père se releva en soupirant longuement. Il empoigna les quelques branches glacées qu'il venait de ramener et les jeta dans le feu. Le bois siffla. Méfie-toi, recommanda sa femme. Le bois est froid et s'il... Le morceau de bouleau cracha alors une étincelle rougeoyante qui atterrit sur un des chiffons de la fillette. Celle-ci poussa un petit cri, lâchant son jouet. Elle gonfla les joues et s'apprêta à éteindre la flamme mais son frère l'arrêta d'un geste. Qu'est-ce que..., s'étonna le père. Mais enfin éteins-la ! Tu vas faire brûler la maison ! Attendez père, s'exclama le jeune homme. Il plissa les paupières jusqu'à ce que ses yeux ne soient plus que deux fentes. Le père retint son geste alors qu'il s'apprêtait à écraser la flammèche. Celle-ci tremblota un instant, continuant à grignoter le tissu. La petite sœur gémit. Le regard du père oscillait entre la flamme et son fils, hésitant un instant sur la conduite à tenir. Au moment où il s'apprêtait à étouffer la flamme sous son pied, celle-ci disparut comme aspirée de l'intérieur. Le garçon s'écroula, inconscient. *** La pluie redoubla d'intensité. La force accrue des gouttes contre le visage de l'homme le sortit de ses pensées. Il se trouvait enfin devant la demeure des Éléments. Encastrée dans la roche, elle était dissimulée par le lierre courant sur sa façade et le rideau de pluie qui s'abattait depuis la nuit des temps sur ses flancs. Mais après des années de recherche, il l'avait enfin trouvée. Le sorcier effleura du bout des doigts la mousse qui tapissait la porte de l'antique demeure. Il sursauta quand un énième éclair déchira le ciel. Il lui sembla un instant voir une forme blanche dans le flash de lumière. L'homme resserra son sac contre lui et le bruit des pierres s'entrechoquant au fond de la besace le rassura. Personne ne pouvait s'opposer à lui désormais. Il posa sa main sur la poignée. Le regard de chacun des Éléments se tourna vers le sorcier qui venait d'apparaître dans l'embrasure de la porte. C'étaient des créatures étranges, ni de chair ni de sang. Qu'est-ce ! s'insurgea l'Élément Feu. Deux cornes écarlates se recourbaient sur son front rouge craquelé, surplombant son regard de braise. Il fit apparaître une boule de feu de la taille d'un poing au bout de ses griffes. Mais le sorcier leva une main et les flammes disparurent. L'Elément Air se leva, passant un bras protecteur devant l'être d'Eau. Ses ailes translucides fouettèrent l'air avec force, troublant son corps vaporeux. Il fixait le sorcier de ses intenses yeux bleus. Le combat s'engagea alors, plongeant la pièce dans le chaos. La topaze dorée retomba mollement dans la main gantée du sorcier. Il la déposa dans son sac de cuir, ou elle rejoignit l'émeraude et le rubis, contenant les Etres de Terre et de Feu. Puis il se tourna vers le dernier Élément. Elle se tenait seule au milieu de la pièce, recroquevillée derrière la table de bois brut renversée. L'homme s'approcha d'elle. C'était la seule figure féminine des quatre Éléments. Ses longs cheveux argentés tombaient en cascade sur ses épaules bleues. Ses immenses yeux turquoise étaient deux océans dans lesquels le sorcier plongea. Une voix douce résonna alors dans son esprit. Pourquoi désirer détruire la vie autour de toi ? Mort et souffrance ne sont pas les seules voies qui te sont accessibles. Ces paroles sortirent le sorcier de sa contemplation. La dernière pierre, un saphir bleu comme les iris de l'être, s'éleva dans les airs, tournoyant sur elle-même. Vous ne pouvez plus m'arrêter, répondit-il. Il n'y a plus d'espoir. Tu as peut-être détruit l'espoir, mais l'espérance persiste toujours dans mon cœur et dans celui des Hommes que tu condamnes. Un nouvel espoir naîtra de cette espérance, aussi puissant que tous les Éléments réunis. Toi-même tu ne pourras le détruire. Une faille éblouissante s'ouvrit dans la pierre précieuse. Je l'attendrai. Quand il viendra tu ne seras alors que chaos. L'être disparut dans la pierre. La pluie cessa. *** Les pierres furent taillées et les Hommes divisés de gré ou de force en quatre peuples élémentaires. Ils mutèrent, acquérant peu à peu la capacité de manipuler l'Elément leur appartenant. Mais le pouvoir grandit et chaque peuple rêva de dominer seul, entraînant la guerre des Éléments.
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